Les produits alimentaires industriels et transformés envahissent nos supermarchés et nos assiettes. Nous consommons des produits fabriqués, dénaturés, raffinés avec des goûts artificiels et des compositions douteuses. Les stratégies commerciales fonctionnent à merveilles, les couleurs, les goûts toujours nouveaux qui stimulent le plaisir de la découverte, les emballages séducteurs, la facilité d’achat, l’attractivité des prix, l’abondance et la diversité du choix, autant de paramètres qui nous poussent à acheter et consommer ces produits.
Mais l’euphorie de cette ère du « prêt à consommer » passée, l’heure du bilan arrive, et nous constatons que notre époque est également celle des troubles et des addictions alimentaires.
En sus de cela les scientifiques sonnent la sonnette d’alarme sur les effets néfastes de ces produits transformés sur notre santé. De nombreuses maladies sont les conséquences d’une alimentation trop riche, trop grasse, trop carnée, trop sucrée et bourrée d’adjuvants chimiques tels que les conservateurs, les exhausteurs de goût et les colorants. Les maladies cardiovasculaires, les diabètes, les cancers, et également l’augmentation inquiétante de l’obésité et autres troubles alimentaires sont devenu les maux de notre siècle.
Ainsi, les enjeux de santé publique poussent les scientifiques à étudier les mécanismes qui président nos choix alimentaires au quotidien.
L’alimentation du futur ne sera peut-être pas, comme on l’imaginait dans les scénarios de science-fiction, des pilules multicolores, mais plutôt un retour vers une alimentation plus naturelle et plus saine. Quelles sont les substances à risques ? Par quels processus l’alimentation agit-elle à la fois sur notre santé et sur nos comportements ?
Le sucre est-il une drogue ?
L’étude des comportements alimentaire révèle que le sucre est une substance addictive. L’envie de sucre est un mécanisme qui conduit à manger sans avoir faim et qui entraine l’obésité avec ses conséquences sur la santé.
Même si parmi les chercheurs il n’y a pas l’unanimité pour comparer le sucre à une drogue dure, il n’en demeure pas moins qu’ils s’accordent tous pour dire que celui-ci entraine une dépendance.
Serge Ahmed, directeur de recherche CNRS et neuroscientifique à Bordeaux, étudie depuis 10 ans le potentiel addictif du sucre. Les effets du sucre s’apparentent à ceux des drogues dans l’activation du système de récompense au niveau cérébral, les voies neuronales activées aboutissent à la sécrétion de dopamine qui entraine une sensation de plaisir.
La présence de sucre rajouté dans de nombreux produits de consommation, souvent là où on ne s’y attend pas, les sauces, les conserves, la charcuterie, biscuits salés, maintient et aggrave l’addiction puisque le sucre est ainsi consommer continuellement.
Comment notre alimentation influence-t-elle notre cerveau ?
Si manger trop de sucre est néfaste pour notre santé, celui-ci est avant tout un carburant pour notre corps et en particulier notre cerveau. Plus précisément, la substance qui permet d’alimenter les cellules de notre corps y compris celles de notre cerveau, les neurones est le glucose. Les humains apprécient les aliments sucrés car ils sont source d’énergie mais également de plaisir par l’activation de sécrétion de dopamine. Nous sommes ainsi poussés par l’irrésistible envie de recommencer et plus on mange sucré plus on en a envie et le cercle infernale commence.
L’impact sur notre cerveau est multiple. L’excès de sucre crée un comportement addictif, une impossibilité psychique de résister à l’envie de manger du sucre. La nourriture influence notre cerveau, et joue donc un rôle dans nos choix alimentaires.
Une consommation excessive en sucre induits également des transformations dans l’hippocampe, zone importante pour la mémoire, par une réduction de la formation de neurones essentiels au cryptage des souvenirs, ainsi qu’une augmentation de substances inflammatoires.
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) recommande une consommation d’environ 5% par jour soit 25 grammes de sucre, ce qui est largement dépassé uniquement avec la consommation de sucres lents comme le pain, les pâtes et autres féculents.
Donc la consommation de produits sucrés comme les gâteaux, les glaces et toutes les sortes de confiseries ou pâtisseries sont autant de sucres ingérés bien au-delà de la dose acceptable et supportable par notre organisme et provoque ainsi des dysfonctionnements graves.
L’exercice physique permet d’améliorer le processus de réduction de sucre et ainsi évacuer les excès accumulés dans le cerveau. Les aliments riches en oméga 3 (graines, noix, certaines huiles) sont également neuro-protecteurs.
Mais le meilleur moyen de rendre service à son cerveau est de se priver de dessert !
L’intestin 2e cerveau ?
Les bactéries qui colonisent notre intestin ont impacte sur notre appétit et sur nos choix alimentaires. Le microbiote de notre flore intestinale joue donc un rôle sur nos préférence alimentaires. Les bactéries de notre microbiote influencent également nos humeurs et comportements.
Une expérimentation scientifique de l’université de Cork en Irlande, dirigée par le Pr John Cryan, montre que lorsqu’on prélève des bactéries sur des souris anxieuses pour les mettre dans des souris normales le niveau d’anxiété de ces souris augmente et vice versa, les bactéries des souris sereines permettent de normaliser les souris anxieuses.
Les scientifiques étudient comment l’information est transmise et par quels signaux afin de mieux comprendre le mécanisme des comportements alimentaires si l’influence des bactéries sur nos préférences alimentaire est encore à l’étude et reste à démontrer, il est établi qu’elles influencent nos humeurs et notre anxiété.
Le principal facteur qui agit sur notre flore intestinale est notre alimentation et notre alimentation a un impact sur notre cerveau.
Modifier son alimentation permet donc d’influencer notre cerveau, notre comportement et notre état de santé.
Comme le disait Hippocrate, père de la médecine : « Que ton aliment soit ton premier médicament »
Le régime alimentaire le plus recommandé par les scientifiques
Le régime Méditerranéen essentiellement végétal et très diversifiée est recommandé par les scientifiques. Le lien entre une bonne diversité alimentaire et un intestin en bonne santé a été mis en évidence. Des expérimentations montrent qu’un changement alimentaire permet une amélioration de l’état dépressif et particulièrement avec le régime méditerranéen. Les épices indiennes sont étudiées dans les laboratoires pour leurs vertus sur le mentale.
Les fruits rouges aussi sont à l’études. Les polyphénols qu’ils contiennent ont des vertus sur les neurones et protègent notamment des troubles de la mémoire. La science commence à peine à découvrir les effets de cette relation inattendue entre l’alimentation et le cerveau. Le menu idéal pour le cerveau reste encore aujourd’hui un mystère mais un menu équilibré et le plus possible diversifié est vivement recommandé.
Une alimentation avec le moins possible de produits transformés, de sucre, qui favorise les fruits et les légumes est à ce jour la meilleure recette pour préserver ses facultés mentales. L’alimentation du futur sera une alimentation personnalisée qui interagira directement avec le cerveau et s’adaptera à chacun.
Pour les plus philosophes, nous pouvons aussi nous poser cette mystérieuse et passionnante question : une alimentation adaptée pourrait-elle contribuer à faire baisser la violence dans notre société ? Mais il est encore tôt pour le dire… Ce qui est certain, une alimentation saine a des effets bénéfiques sur le comportement.
Par ailleurs, de nombreuses expériences satisfaisantes ont déjà été réalisés auprès d’enfants autistes dont le comportement a été amélioré par des régimes alimentaires restrictifs. D’ailleurs les enfants autistes souffrent très souvent de troubles alimentaires ce qui aggrave les troubles comportementaux déjà existants causés par l’autisme. Il est très difficile de savoir lesquels sont lié à l’un ou à l’autre mais le réglage alimentaire, même si, bien évidemment, ne guérit pas de l’autisme, contribue, associé à une thérapie éducative comportementale, à l’atténuation des troubles du comportement.
Le secret d’une bonne santé, mais également le secret d’une vie harmonieuse, plus sereine et paisible est donc dans notre assiette. Nous sommes ce que nous mangeons.